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Sunday 21 October 2012

Jeanne-Marie’s Hands (Les Mains de Jeanne-Marie) Arthur Rimbaud


Jeanne-Marie’s Hands (Les Mains de Jeanne-Marie)
Arthur Rimbaud

Jeanne-Marie has strong hands,
Hers are dark, tanned by summer,
Bloodless hands like a dead man’s
– Are they the hands of Juana?

Did they win their creamy-brown
Sailing some voluptuous sea?
Have they dipped in moons, found
In waters of serenity?

Have they drunk of barbarous skies,
Calmly on delightful knees?
Have they rolled cigars, wise
To trade in diamonds and rubies?

On burning feet of Madonnas
Have they thrown gold flowery charms?
The black blood of belladonnas
Wakes and sleeps in their palms.

Hands that chase the Diptera
With which the auroral blue
Buzzes, there, towards the nectar?
Hands that measure poison’s brew?

Oh, what Dream has seized them
In their pandiculations?
A wild dream of Asias then,
Of Kengawers or Zions?

– They sold no oranges these hands
Nor tanned at the feet of deities:
They washed no swaddling bands
Of eyeless and weighty babies.

They’re not the hands of cousins
Nor the broad-browed working girls
Brows that, drunk with tar, the sun
In woods that stink of factories, burns.

They are benders of the spine,
Hands that never work us evil,
Stronger than machines in line,
Than the horse more powerful!

Seething like the furnaces,
Shaking off each shudder,
Their flesh sings the Marseillaise
But the Eleison never!

They’ll grasp your necks, O evil
Women, yours, they’ll crush them,
All your infamous hands, noble
Women, white and carmine.

The glory of those hands of love
Turns the heads of ewes!
On their juicy phalanges
The vast sun sets a ruby too.

A stain from the populace
Browns them like ancient tits;
The backs of those hands the place
That each proud Rebel kissed!

They have paled, marvellous,
In the hot sun filled with love,
On the bronze of machine-guns
Across insurgent Paris moved!

Ah, sometimes, about your wrists,
O sacred Hands, there hung again,
Where our never-sobered lips
Trembled, Hands, a shining chain!

And there’s a sudden Lurch too
In our being, when, indeed,
Angelic Hands, they’d blanch you,
By making all your fingers bleed!

http://www.mag4.net/Rimbaud/poesies/Poems.html

And in the original French - from http://www.mag4.net/Rimbaud/poesies/Mains.html


Jeanne-Marie a des mains fortes,
Mains sombres que l'été tanna,
Mains pâles comme des mains mortes.
- Sont-ce des mains de Juana ?

Ont-elles pris les crèmes brunes
Sur les mares des voluptés ?
Ont-elles trempé dans des lunes
Aux étangs de sérénités ?

Ont-elles bu des cieux barbares,
Calmes sur les genoux charmants ?
Ont-elles roulé des cigares
Ou trafiqué des diamants ?

Sur les pieds ardents des Madones
Ont-elles fané des fleurs d'or ?
C'est le sang noir des belladones
Qui dans leur paume éclate et dort.

Mains chasseresses des diptères
Dont bombinent tes bleuisons
Aurorales, vers les nectaires ?
Mains décanteuses de poisons ?

Oh ! quel Rêve les a saisies
Dans les pandiculations ?
Un rêve inouï des Asies,
Des Khenghavars ou des Sions ?

- Ces mains n'ont pas vendu d'oranges,
Ni bruni sur les pieds des dieux :
Ces mains n'ont pas lavé les langes
Des lourds petits enfants sans yeux.

Ce ne sont pas mains de cousine
Ni d'ouvrières aux gros fronts
Que brûle, aux bois puant l'usine,
Un soleil ivre de goudrons.

Ce sont des ployeuses d'échines,
Des mains qui ne font jamais mal,
Plus fatales que des machines,
Plus fortes que tout un cheval !

Remuant comme des fournaises,
Et secouant tous ses frissons,
Leur chair chante des Marseillaises
Et jamais les Eleisons !

Ça serrerait vos cous, ô femmes
Mauvaises, ça broierait vos mains,
Femmes nobles, vos mains infâmes
Pleines de blancs et de carmins.

L'éclat de ces mains amoureuses
Tourne le crâne des brebis !
Dans leurs phalanges savoureuses
Le grand soleil met un rubis !

Une tache de populace
Les brunit comme un sein d'hier ;
Le dos de ces Mains est la place
Qu'en baisa tout Révolté fier !

Elles ont pâli, merveilleuses,
Au grand soleil d'amour chargé,
Sur le bronze des mitrailleuses
À travers Paris insurgé !

Ah ! quelquefois, ô Mains sacrées,
À vos poings, Mains où tremblent nos
Lèvres jamais désenivrées,
Crie une chaîne aux clairs anneaux !

Et c'est un soubresaut étrange
Dans nos êtres, quand, quelquefois,
On veut vous déhâler, Mains d'ange,
En vous faisant saigner les doigts !
....
Bio http://www.mag4.net/Rimbaud/Biography.html

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